Quand la sécurité devient à la mode

L’ultra-cycliste Rudy Rollenberg

Au cours de ces dernières années, Rudy Rollenberg (52) s’est fait un nom en tant qu’ultra-cycliste. Mais avant cela, il était actif en tant que coureur-amateur. Comme personne d’autre, il se rend compte de l’importance de la visibilité sur la voie publique, chez nous en Flandre, mais aussi ailleurs dans le monde.

“L’Ultra cyclisme et courir en vélo : c’est déjà un monde de différence, mais la mentalité dans le monde du vélo a considérablement changé au cours de ces dernières années”, Rudy commence par une description sommaire des deux mondes totalement différents dans lesquels il était actif. “Dans le passé, quand je voyais quelqu’un rouler avec un vélo de randonnée complètement équipé avec rétroviseur, les poils dans mon cou se hérissaient. Je trouvais la vue franchement horrible.” Rudy parcourt aujourd’hui 20 000 kilomètres par an avec un équipement similaire.

“Quand je participais encore à des concours, un vélo de course devait être aussi ‘clean’ que possible. Une sonnette et un garde- boue étaient absolument tabous. Sans parler d’un porte-bagages ou d’un rétroviseur.” Grâce à son expérience acquise en tant que cycliste solitaire dans une région inhospitalière, Rudy considère tout cela différemment. “Je ne pourrais plus me passer de mon rétroviseur. Je dois seulement me souvenir à temps de le monter à droite dans les pays où ils conduisent à gauche, comme par exemple pendant le Transatlantic Way, une course qui longe la côte irlandaise. Entièrement, du nord au sud.” Pour le reste, le cyclisme en Irlande a beaucoup plu à Rudy. “Au début j’avais peur de rouler à gauche, craignant d’utiliser les faux automatismes. Mais cela ne semblait nullement nécessaire. Les conducteurs irlandais étaient tellement courtois qu’il était presque difficile de le croire. Surtout en Irlande du Nord, presque tous les conducteurs levaient la main vers n’importe quel cycliste qu’ils rencontraient. Vraiment une recommandation!”

CRÉER UNE ZONE DE SÉCURITÉ

Rudy explique pourquoi un rétroviseur est tellement important pour lui. “Cela me donne un sentiment de sécurité. Évidemment, en tant que cycliste, vous ne maîtrisez pas complètement votre sort, mais vous pouvez renforcer votre propre position. Quand je vois une voiture s’approcher dans mon rétroviseur, je peux créer une zone de sécurité pour moi en temps opportun.” Cela s’est révélé être plus facile que je ne le pensais. “Je vais rouler plus au milieu de la route, faisant en sorte que les voitures soient obligées de rouler également plus éloignées du côté de la route si elles veulent me dépasser. Juste avant qu’elles me dépassent, je roulerai à nouveau plus sur le côté. Comme les voitures qui me dépassent ne suivent pas immédiatement ma manoeuvre, il y a toujours assez d’espace au moment de dépasser entre le cycliste et la voiture. Dans le monde des ultra-cyclistes, on appelle cela aussi une bonne ‘épaule’ (‘shoulder’), dérivé de la dénomination anglaise pour une bande durcie à côté de l’autoroute, souvent appelée la bande d’arrêt d’urgence.

Si la bande d’arrêt d’urgence est assez large pour rouler loin du trafic motorisé, l’épaule est donc également bonne.” Les compétitions auxquelles Rudy participe traversent parfois les régions les plus étranges, y compris les pays où les habitants ne sont pas du tout familiarisés avec les cyclistes. “Par exemple, les pays des Balkans. Les routes n’y sont absolument pas favorables au vélo. En Bulgarie, j’ai une fois dû faire du vélo sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. De plus, j’ai été une fois presque arrêté parce que je franchissais une frontière sans passer par le contrôle aux frontières. Ces contrôles aux frontières étaient également situés sur l’autoroute.” Pourtant, il existe des exceptions dans les Balkans. “Vous ne pouvez pas comparer la Slovénie à ses pays voisins. Y faire du vélo sur de bonnes routes est agréable, les gens sont sympathiques et tout y est propre.

Ce n’est pas pareil dans d’autres pays. La Scandinavie est également formidable à traverser à vélo. Au cours de la dernière NorthCape4000 – entre Florence en Italie et Nordkapp dans la partie à l’extrême nord de la Norvège – j’ai traversé la Suède, avec des routes très larges et de bonnes pistes cyclables. J’ai roulé pendant tout un temps sur une ancienne autoroute tombée en désuétude, car une nouvelle route avait été construite en parallèle. Dans un délai de 12 heures, j’ai rencontré exactement deux voitures.”

ATTITUDE

“Je touche du bois, mais pour le moment, je n’ai vécu aucun accident pendant toutes ces années. Bien sûr, vous pouvez avoir de la malchance, mais beaucoup dépend également de votre comportement et de votre attitude. Par exemple, en Italie, rouler devient tout simplement une guerre. Mais si vous le gardez à l’esprit, tout se passera bien. À deux reprises, j’étais presque happé par un bus. Heureusement, j’ai toujours pu me mettre juste à temps à l’abri sur un trottoir. Dans de telles situations, il m’arrive de me fâcher.

Dans ce cas, je fais un petit sprint jusqu’à côté du conducteur et je lui demande s’il envisageait de me tuer, parfois dans un langage un peu plus grossier”, Rudy décrit ce que tout autre cycliste ferait dans la même situation.

“Peut-être cela semble étrange, mais je préfère faire du vélo pendant la nuit plutôt que pendant la journée. En tous les cas on est mieux visible avec un bon éclairage et les éléments réfléchissants sur ma veste ou mon body-warmer attirent également immédiatement l’attention. Pendant la journée, on risque d’être absorbé par la circulation, par conséquent que les automobilistes vous remarquent moins rapidement. C’est pourquoi je porte toujours un casque et des vêtements dans des couleurs fluorescentes ou vives, et je garde mon éclairage allumé. Toutes ces petites choses font la différence. Il suffit des bas fluorescents ou des couvres- chaussures pour se faire remarquer beaucoup plus vite car le mouvement rapide de la rotation des jambes attire l’attention des conducteurs.”

Lorsque Rudy n’est pas en vélo, il gère son propre magasin de vélo Pervélo où ces dernières années il a vu naître un essor de ce sport. “Faire du vélo est devenu à la mode. Et les nouvelles modes, comme p.ex. les courses de gravier, s’adressent à un public nouveau et plus vaste.” En outre, année après année, il a vu augmenter la conscience à l’égard de la sécurité et de la prévention. “Quand je repense aujourd’hui à l’époque où je partais des fois à l’entraînement sans casque. C’était alors la chose la plus normale au monde. Faire du vélo avec un casque tout simplement n’était pas cool. Je ne peux plus me l’imaginer maintenant.”

Rudy a donc une bonne raison de prioriser la sécurité. “Dans mon esprit, le clic est venu après que l’un de mes amis s’est tué. Il y a quelques années, j’étais sur le point de faire un tour avec ma femme avec nos vélos de randonnée. Je portais comme toujours un casque, mais elle pas. Alors, j’ai menacé de partir seul. Depuis lors, ma femme porte toujours un casque”, rigole Rudy. “En outre, aujourd’hui on sort vraiment du lot lorsqu’on fait du vélo sans casque. Et c’est une très bonne chose ! La couleur est souvent soumise à la mode, mais en même temps les gens semblent se rendre de plus en plus compte que la visibilité est plus importante qu’un look à la mode. Heureusement, les produits de Wowow combinent le meilleur des deux mondes”, conclut Rudy.